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Créer une école pour venir en aide aux exilés. Comment s’y prendre ?

 

Entretien avec Sandrine Corre, membre de l’équipe fondatrice de l’École Alternative des Monts d’Arrée au Cloître-Saint-Thégonnec en Bretagne.de l’École Alternative des Monts d’Arrée au Cloître-Saint-Thégonnec en Bretagne.

Bonjour Sandrine, pourrais-tu te présenter ?

Je suis Sandrine et j’ai 44 ans. Je suis co-présidente de l’association “Les Utopistes en Action”. Avec des amis, nous avons créé cette association en 2016 après s’être rendu compte de la situation des exilés sur Calais et Paris. J’ai 3 enfants et j’habite dans un petit village des Monts d’Arrée. Mon parcours est atypique d’après les autres, car j’ai plusieurs métiers derrière moi. Coiffeuse, menuisier, agent des écoles, j’ai passé un bac pro et un BTS en commerce il y a 4 ans. 

Pourquoi a-t-on besoin d’une école alternative ?

Avec l’association, nous côtoyons les exilés présents sur notre territoire et leur proposons déjà depuis des mois un accueil citoyen. Cet accueil leur permet de sortir des structures comme les pardha ou les cao qui faute de moyen ne leur propose rien. Ces jeunes restent enfermés dans leur chambre et tournent en rond, perdent la notion du temps et plongent très souvent dans de graves dépressions. Nous les accompagnons et les orientons vers les structures médicales de la région [Bretagne].

 Nous accueillons des personnes en procédure Dublin surtout, mais aussi des mineurs isolés rejetés du système par la contestation du parquet sur leur minorité. Ces jeunes, qu’ils soient mineurs ou majeurs, se retrouvent sans aucun droit et complètement démunis face au système. C’est pour ces personnes que nous avons décidé d’ouvrir l’école. Tous les sans-droits, les laissés-pour-compte trouvent leur place à l’école. Nous n’exigeons pas de papiers d’identité à l’entrée. 
Avec cette école, c’est un accueil complet et digne que nous proposons : cours de français, hébergement, suivi médical et administratif.

Qu’est-ce que propose une école alternative ?

Notre école propose des cours, un hébergement en famille citoyenne, mais aussi une aide administrative et un suivi médical. Les élèves sont divisés en trois groupes distincts. Un premier groupe qui apprend la langue et à la maîtriser. Le deuxième groupe est lui plus axé sur les personnes parlant français, mais ne maîtrisant pas complètement l’écriture et les subtilités de la langue. Le troisième groupe est lui pour les jeunes avec un bon niveau où nous leur proposons en plus divers cours complémentaire comme des cours de maths, anglais et breton. Nous essayons de répondre à leur attente de façon précise avec l’optique derrière de les préparer pour une formation qualifiante.
Nous proposons ces cours le matin de 9 h à 12 h, nous préparons ensuite le repas commun et mangeons tous ensemble. 

L’après-midi est consacré à la découverte du territoire par des activités diverses proposées par des bénévoles (art plastique, musique, sport, sortie culturelle). Nous avons aussi créé des partenariats avec des associations locales sur l’environnement. Nous organisons des sorties vers les lycées et diverses écoles de la région afin de créer du lien, mais aussi pour informer les jeunes du territoire de la situation dramatique de nos jeunes exilés. Nos exilés témoignent de leur sort à l’occasion de rencontres.

Quelle sont les dispositifs mis en place ?

Nous sommes appuyés par notre municipalité [du Cloître-Saint-Thégonnec] qui nous soutien très fortement. En effet, la mairie a mis gracieusement à notre disposition ce lieu pour l’école qui est une maison des associations. Ce lieu partagé par diverses associations de la commune, permet aussi de créer du lien vers la population et ainsi nous apprenons à nous connaître. À ce jour aucun habitant de notre commune n’a exprimé un mécontentement sur l’ouverture de l’école. 

Nous avons à ce jour une quinzaine d’élèves réguliers à qui nous proposons un accueil citoyen en famille. Ces jeunes sont logés dans un rayon de 15 km autour de l’école. Pour l’instant, nous n’avons pas de minibus, ce sont donc les bénévoles qui assurent les transports.
L’école fonctionne sur le bénévolat complet et financièrement nous n’avons aucune aide ni subvention. Nos moyens viennent de dons et des manifestations que nous mettons en place (Ex: festival des Utopies, Friperies solidaires). Nous avons aussi un parrainage à hauteur de 40 euros par mois que nous avons mis en place. Pour l’instant au nombre de 6. 

Si quelqu’un avait envie de suivre ta démarche, quelles actions recommanderais-tu ? Quelle serait “la marche à suivre” ?

La première chose est de trouver le lieu. Après les choses se mettent en place toutes seules. Nous avons convoqué la presse et avons lancé un appel aux professeurs bénévoles. Il y a 15 profs sur l’école. Nous avions déjà, par notre activité, des places d’hébergement et d’autres sont arrivées grâce aux médias. Le matériel est aussi arrivé très vite et nous avons eu un grand nombre de dons sur les supports pédagogique (livres, cahiers, ordinateurs, etc.). Les réseaux sociaux permettent aussi une grande visibilité et nous apporte un soutien moral important.

Comment en savoir plus sur votre projet ?

Le meilleur moyen pour en savoir plus est de nous contacter, voir à passer nous rencontrer sur l’école. Le matin, nous recevons les personnes sur l’école à l’heure de la pause pour que chacun puisse faire connaissance. Nous avons aussi les réseaux sociaux qui permettent de voir ce que nous faisons et ainsi nous suivre dans notre aventure.

Mail: eadma@orange.fr
Téléphone: 06 02 29 27 18
Facebook:
https://www.facebook.com/groups/lesutopistes.en.action/
https://www.facebook.com/Ecole-alternative-des-Monts-dArr%C3%A9e-189789388408420/?modal=admin_todo_tour
https://www.facebook.com/events/539510463116930/
https://www.facebook.com/galeriedeszutos/?ref=br_rs

 

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