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“Le TBI sera bientôt un outil relai au service des tablettes ou smartphones” Jean Condé, InteractiFLE

Bonjour Jean, pourrais-tu nous présenter ton parcours ?

Mon orientation vers le monde du FLE débute à Lima, au milieu d’un voyage « sac à dos » de 6 mois en Amérique du sud que j’avais entrepris après ma première licence (STAPS 2007). Complétement perdu dans la mission d’enseigner ma langue maternelle, je fais sans doute le pire prof du monde pendant 1 mois. De retour en France, je décide de me lancer dans un master FLE pour apprendre le métier…

En 2009, je fais mon stage de master 1 à Buenos-Aires où je suis formé au TBI. C’est pendant cette formation que je comprends l’intérêt du TBI et des TICE en général. Je me passionne tout de suite pour la question. J’enchaîne donc sur un stage MAEE en Afrique du sud où je suis, entre autres, chargé de la formation TBI des enseignants dans la région du Kwazulu natal. Bien qu’éprouvante, l’expérience est extrêmement enrichissante sur tous les plans.

C’est là-bas pendant une nuit trop courte qu’est né InteractiFLE. J’appelle Cristina (mon amie et future partenaire) le lendemain matin pour lui exposer les grandes lignes d’un projet qu’elle allait accepter de suivre et qui allait assez largement chambouler ses plans pour les mois à venir…

Le projet séduit et nous obtenons une aide du SCAC d’Afrique du sud qui finance notre première formation et nous invite au congrès mondial de la FIPF de l’année suivante pour présenter nos travaux. C’est sans aucun doute la motivation qu’il nous fallait pour nous lancer totalement. Nous avons donc passé les 8 mois suivants à préparer ce congrès en concevant fiévreusement les activités qui garnissent aujourd’hui le site InteractiFLE.

De retour en France, je partage aujourd’hui mon temps entre InteractiFLE et mon travail d’enseignant dans une école parisienne. Cristina, basée en Bretagne fait de même, tout comme Maxime, le dernier à rejoindre le projet l’année dernière.

Quelques mots sur InteractiFLE…

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C’est un site ressource qui propose une banque de données de cours TBI pour le FLE. On y trouve des jeux, des activités de lexique, de soutien linguistique et de phonétique. Nous postons plusieurs nouveautés chaque mois et allons ouvrir à la rentrée 2013 une nouvelle rubrique pour les enfants.

Nous proposons parallèlement des formations TICE pour les centres de langue et les écoles.

Chaque formation que nous organisons donne lieu à des créations de ressources que nous mettons ensuite à disposition de tous via notre site dans la rubrique : les ressources de nos formations.

En décembre 2012, nous recevons le Label européen des langues récompensant la meilleure initiative pédagogique de l’année dans la catégorie TICE.

Où en sont les usages du TBI dans le monde de l’éducation ?

Vaste question… Après la révolution « Internet » des années 90’- 2000’, nous sommes entrés dans l’ère du « tactile ». Une technologie devenue standard pour la nouvelle génération. Dans ce contexte, le TBI n’est plus vraiment remis en question et ce n’est selon moi qu’une question de temps avant qu’il n’ait complétement fait oublier le tableau classique. Il a déjà fait l’objet d’un investissement conséquent dans certaines régions du monde telles que l’Asie du sud-est, l’Amérique du Nord et l’Afrique. Le retard français pointé du doigt par le rapport Fourgous en 2010 se comble progressivement et dans 5 ans maximum, nous verrons sans doute plus de 50% des classes du primaire au lycée (déjà plus de 90% au Royaume-Uni) équipé d’un TBI.

Au-delà de la quantité des machines disponibles, la question la plus importante reste la qualité de leur utilisation. Pour faire un bilan simplifié de l’utilisation du TBI dans la classe, je diviserais les types d’usage en 2 catégories :

Les usages simples (utilisation multimédia, accès à Internet, enregistrement des cours, manuels numériques…)

Les usages complexes qui nécessitent beaucoup de temps de conception (séquences plus complètes, projets pédagogiques, découpage vidéo et audio…) = optimisation réelle du TBI

Si les usages simples sont la plupart du temps bien assimilés pas les enseignants formés, nous sommes encore loin d’avoir permis les usages plus complexes. Importance des formations sous-estimée, conservatisme pédagogique, manque de références didactiques… Les causes sont nombreuses pour expliquer que le TBI est encore souvent perçu comme inutile, comme un investissement trop coûteux comme un ennemi du prof… et donc relégué au fond de la classe avec un panneau « en travaux »

D’autre part, la conception TBI est tellement chronophage que même les maisons d’édition hésitent à concevoir des contenus qui valoriseraient vraiment les fonctionnalités du TBI (le manuel numérique n’exploitant que le service « multimédia » du TBI). D’un autre côté, aucune structure publique ou privée n’a jusqu’ici réussi à mettre en place un système de mutualisation fonctionnel. InteractiFLE est d’ailleurs né de ce constat…

Enfin, dans ce bref état des lieux des pratiques, projetons-nous un peu : soyons certains, dans cette évolution vers le tactile, que le TBI sera bientôt un outil relai au service des tablettes ou smartphones sur lesquelles les apprenants feront une majeure partie de leurs activités de classe (exercice de systématisation, recherche, auto-formation, compréhension individualisée des ressources audio ou vidéo… mise en réseau des travaux) Les possibilités sont réellement décuplées par ce progrès technologique, d’autant plus que le plus gros de l’exploitation pédagogique de ces nouveaux supports reste à inventer…

Quelles “erreurs” peut-on commettre lorsque l’on dispose d’un TBI dans une classe ?

Une erreur que j’ai souvent remarquée est celle de considérer le TBI comme une tablette tactile. On fait alors faire au tableau ce qu’on demanderait à l’apprenant de faire individuellement. Je pense à des exercices de type autocorrectif par exemple : pendant qu’un élève est au tableau en train de sélectionner une réponse dans un choix multiple ou de faire glisser pour associer, les autres sont passifs en attendant leur tour. Il est alors bien plus productif de faire le même travail sur papier.

D’une manière générale le plus grand nombre d’erreurs viennent du fait de considérer l’outil TBI comme une solution pédagogique, comme si le simple fait de l’utiliser allait faire apprendre. Le problème est qu’un outil frontal tel que le TBI peut réellement alourdir un cours au point de diminuer l’entrain communicatif. Une des conclusions de mon mémoire est d’ailleurs qu’un enseignement traditionnel était toujours renforcé par le TBI.

Il faut donc éviter les ressources toutes faites du type texte à trous, choix-multiple… qui sont plutôt pertinentes dans un temps de systématisation individuel sur tablette, Smartphone ou ordinateurs individuels.

Une autre erreur simple à éviter selon moi est d’écrire sur le TBI. La fonction dactylo n’est pas encore au point et je choisis toujours, quand la salle m’en offre la possibilité, d’écrire sur le tableau blanc classique, c’est beaucoup plus lisible et plus direct. Il ne faut pas oublier que la lumière du vidéoprojecteur est fatigante pour l’élève et qu’il est conseillé d’utiliser le TBI ponctuellement dans des activités bien calibrées pour l’outil.

Qu’est-ce qu’une bonne ressource pédagogique pour le TBI ?

C’est tout d’abord une ressource qu’on ne peut pas faire sans l’écran tactile. Sinon, mieux vaut utiliser un tableau classique… c’est moins cher, ça consomme moins d’énergie et c’est moins risqué techniquement et comme je le disais, ça économise la concentration visuelle de l’apprenant.

Dans l’enseignement des langues, on utilisera donc par exemple l’association « image-son ». En cliquant sur une image, on obtient le nom de cette image ou autre chose d’ailleurs. L’enseignant n’est plus l’unique détenteur du savoir phonétique, il est assisté par le tableau et peut donc adopter une posture différente dans la classe.

Lors d’un travail en groupe par exemple, les élèves peuvent aller au tableau prendre une information phonétique sans se référer à l’enseignant qui peut donc s’occuper davantage de l’apprentissage de manière individualisée. On peut aussi considérer qu’il s’agit de donner à l’élève plus d’autonomie dans son apprentissage : s’il veut entendre un son 15 fois, il le peut, sans avoir à « déranger l’enseignant » (s’il ne le dérange jamais vraiment il peut en avoir la sensation)

Le TBI est ensuite un fantastique plateau de jeu. On peut lancer des dés virtuels, afficher un plateau, intégrer des questions audio, vidéo… on peut compter les points, c’est un support ludique aux possibilités illimitées.

N’oublions pas que dans l’apprentissage des langues et notamment aux niveaux débutants, l’apprentissage kinesthésique a désormais prouvé ses qualités : on apprend mieux et plus vite en déplaçant physiquement les phonèmes, en les associant à leur graphie, en classant le vocabulaire, en ordonnant les unités grammaticales… Le TBI facilitant et même permettant ces mouvements, il devient un allié précieux de l’élève et de l’enseignant.

Bien sûr ; il convient de mettre en place ces activités de manière à ce qu’elles ne génèrent pas « d’effet bouchon » (élèves qui attendent leur tour 15 min). C’est parfois à ce stade, au-delà de la technique, qu’on peut manquer d’outils, dans la mise en place…

Aurais-tu quelques exemples à proposer ?

Une centaine, sur InteractiFLE.com 😉

– Des jeux de l’oie, des jeux de phonétique, des cours de langue, voici une vidéo de démonstration :

http://www.youtube.com/watch?v=H5FbHAvmGDU

On pourra trouver une soixantaine de vidéos similaires sur notre chaîne Youtube ou directement sur InteractiFLE.com

Sinon, un conseil pratique : Le travail en atelier.

Diviser le groupe en 3 équipes. Pendant que 2 s’opposent au tableau dans un exercice de memory, de reconstitution, d’association… tout ce qui « se manipule »… le 3ème groupe fera une activité individuelle sur papier. Au bout d’un certain temps prédéfini, on fait en sorte que chaque groupe passe 2 fois au TBI et 1 fois sur l’exercice papier.

Cela permet de démultiplier le temps de manipulation en diminuant le nombre d’élèves et de rendre le temps au tableau plus efficace car en équipe, personne n’est vraiment passif.

Quels sont les outils nécessaires pour réaliser/construire des ressources pédagogiques pour le TBI ?

– Pour concevoir et organiser le cours : Notebook, Ebeam, Sankore… tout dépend de la marque du TBI

– Pour enregistrer et traiter l’audio : Audacity

– Pour enregistrer convertir les vidéos : Real player

– Pour travailler les images : Xnview ou Paint.net

Comment peut-on en savoir plus sur InteractiFLE ?

Sur notre site, vous pourrez trouver des infos supplémentaires concernant notre réflexion pédagogique ici, des infos concernant nos formations, ici, et bien sûr, vous trouverez toutes nos ressources gratuitement un peu partout sur le site !!

Vous pouvez aussi nous trouver sur facebook et sur Twitter pour être super connectés à notre actualité !

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