projets-numériques-centres-fle-e1519224800866

Les projets numériques qui fonctionnent dans les centres FLE

David Cordina, directeur pédagogique de l’Alliance française de Bombay (2010-2014) nous présente les initiatives numériques qui “marchent” !

Bonjour David, pourriez-vous nous présenter votre parcours ?

Je suis à la base enseignant-certifié de lettres modernes, spécialisé dès le début de ma carrière en Français Langue Etrangère que j’ai pu enseigner en Turquie, en France et en Inde. J’ai une triple formation universitaire : en littérature comparée, en didactique du FLE, et en sciences de l’éducation, plus précisément en ingénierie pédagogique multimédia, que j’ai étudiée à l’université Lille1 où j’ai travaillé durant 5 ans. Je suis, depuis septembre 2010, le directeur pédagogique de l’Alliance Française de Bombay.

Réseau sociaux, scoop.it , blogs, plateformes d’apprentissage… vos initiatives TIC sont nombreuses ? Pourriez-vous nous les présenter et nous donner leurs objectifs pédagogiques ?

Je parlerai uniquement des projets TIC pour la communauté de l’Alliance française de Bombay et non des miennes qui sont liées mais également plus diversifiées. Toutes nos initiatives numériques visent l’autonomie de l’apprenant. Nos souhaitons que nos étudiants construisent par eux-mêmes leur environnement numérique d’apprentissage. L’Alliance française doit leur offrir le plus de ressources et de services possibles pour qu’ils y trouvent des occasions d’apprendre. Voilà pourquoi nous développons une panoplie variée d’outils et de service en ligne : réseau social apprenant dédié (plus de 1500 bloggueurs sur l’outil Ning), conversations sur Twitter en français pour les plus motivés, portail et sitographie de sites et de ressources FLE (avec Netvibes), expérimentations pour les mondes virtuels 3DFacebook nous est utile également pour notre communication culturelle et marketing.

Dans certains contextes, les TIC n’ont pas le succès escompté, pourquoi ? De manière concrète que doit-on faire pour que “ça marche”?

Du côté des apprenants, il faut privilégier les projets où les étudiants puissent produire leurs propres contenus en créant des activités ouvertes (projets blogs, journal en ligne, réseaux sociaux, forum). Cela va, de plus dans le sens de l’approche actionnelle. Nous valorisons la création de contenus de la part des étudiants encadrée par les enseignants.
Du côté de l’institution, les projets numériques demandent au préalable une analyse du contexte (technique, humain, culturel) pour mesurer les possibilités d’investissement. Malgré la démocratisation des pratiques, chaque structure, chaque classe ou chaque enseignant doit suivre son propre rythme. Rien n’est à imposer. Il faut de la compréhension et du soutien de la part de la direction, du temps de formation pour les enseignants, et de l’accompagnement pour toute la communauté : apprenants, (parents en cas d’apprenants mineurs), enseignants, direction.
La pérennité des projets se pose également, liés trop souvent à l’enthousiasme et la personnalité du chef de projet, souvent un enseignant créateur isolé.

Quel est pour vous le bon équilibre entre “le numérique et l’humain” ?

Cela dépend du niveau, des dispositifs et de la motivation d’apprentissage : si l’on prend le cas de semestre intensif d’étudiants dans un projet de mobilité internationale universitaire, la part des TIC, de l’autonomie et de l’écrit sera à renforcer. Je fais référence notamment à des étudiants dans la problématique des niveaux B1 et B2 (français à objectifs universitaires). Ici, le réseau (ainsi que d’autres outils de partage de contenus) est fortement utilisé.
Pour nos étudiants A1 en cours intensifs, le réseau social – premier outil de notre panoplie numérique – est moins utilisé car ce qui compte ce sont l’interaction humaine orale et l’expérience de la pédagogie communicative qui sont mises en avant.
En revanche, les étudiants de même niveau mais qui suivent un cours de week-end, utilisent plus le réseau qui poursuit l’expérience d’apprentissage. Chacun l’utilise selon ses besoins et attentes.

Qu’est ce qui retient votre attention en ce moment ?

En plus de l’animation des propres sites de l’Alliance Française de Bombay, j’aide au développement en ce moment des réseaux sociaux des différentes Alliances françaises en Inde (comme Delhi, Chennai, Bangalore…). Cette phase de démultiplication est soutenue par l’Institut français de Paris et par l’Ambassade de France en Inde. Je forme des directeurs pédagogiques et des enseignants aux métiers pédagogiques en ligne : animateurs de communautés apprenantes, enseignants en ligne, tuteurs…

Comment voyez l’apprentissage des langues dans 10 ans ?

Grande question d’anticipation !
Les lieux d’apprentissage changent, se modifient et deviennent mobiles. Les centres de langue devront s’adapter par une offre d’enseignement qui devra prendre des formes variées. Par une vision naïve de l’apport des technologies pour les langues, on a parfois dévalorisé les métiers des langues, que ce soient pour l’enseignement ou la traduction. Les méthodes totalement en ligne avec aucune interaction humaine ne sont pas performantes. Nous connaissons également les limites des outils de traduction en ligne.
L’expertise et l’interaction humaine de l’enseignant restent fondamentales. Cette interaction pourra se faire en présentiel et/ou à distance en temps synchrone (mondes 3D, chat vidéo) ou en asynchrone (par l’écrit ou la captation vidéo) sous des supports variés (classe, en ligne, sur téléphone). Mais il faut du temps et des moyens encore pour généraliser ces pratiques hybrides de formation.
Les TIC enrichissent les pratiques communicatives et multiplient les occasions d’apprendre et d’enseigner mais c’est à l’enseignant-expert de choisir le bon dispositif numérique pour l’apprenant et de lui donner l’intention pédagogique qui favorisera l’apprentissage.

Merci beaucoup David et à bientôt !

Pour plus d’information :

Le site de l’Alliance française de Bombay : http://bombay.afindia.org/

david-cordina

alliance-francaise-bombay

Restez en contact avec nous

Soyez notifiés de l'activité du Café du FLE lors:

 

- D'évènements

- D'articles publiés

- De nouveautés liées au FLE